28 septembre 2020 1 28 /09 /septembre /2020 16:02

 

Chapitre III

La Théologie

Fa‘lam annahu lâ ilâha illa Allah !

C'est une question qui ne se résout jamais, parce qu'il s'agit d'un faux problème. Cette étudiante devrait écrire aux oulémas sunnites d'al-Azhar pour leur soumettre la question, en tant qu'étudiante.

Tout le monde ou presque se la pose. Ce professeur qui s'en prend  à une étudiante devrait faire preuve de plus de modestie: il n'a pas inventé la poudre. Même sa grand'mère se posait la question. Il y a de quoi penser qu'il essaie de la taquiner.

Les meilleures solutions qui ont été proposées sont celles qui émanent de la spiritualité, pas des théologiens (mutakallimûn) qui croyaient défendre l’islam en adoptant un questionnement emprunté aux philosophes et aux Grecs. Il ne s’agit pas de juger Dieu, d’en supporter la transcendance (tanzîh) ou d'en condamner l’immanence (tashbîh), mais de L'aimer, de L’adorer, de Lui obéir. Allah n’est pas le dieu des chrétiens ni celui des Grecs, situé quelque part dans le mont Olympe ou incarné dans une personne. Subhanahu!

Ce n’est pas Dieu que l’on doit ''justifier'', mais c’est l’homme qui doit se purifier de la poussière qui l’empêche de voir, de connaitre Dieu. Cette poussière n’est autre que la nafs. Il s’agit de sauver nos âmes, pas de se disputer au sujet des raisons divines. Le mal est en nous, pas en Dieu. Comme dit Hafez le grand poète de Chirâz:

Jamâl e Yaar nadârad neqâb o parde vali

Ghobâr e rah beneshân tâ nazar tavâni kard

« La beauté de l’Ami n’a ni voile ni écran, mais

Secoue la poussière du chemin afin que tu puisses Voir.

‘’Savoir’’ pourquoi Dieu fait ceci ou cela (punit et récompense) n’arrange pas notre état. Et de toute façon, la problématique telle qu’elle est conçue et exposée par les théologiens demande des volumes et des volumes, des années d’étude au terme desquelles on s’aperçoit qu’on a perdu son temps.

Ce professeur, de quoi au juste? - doit savoir que ces questions ne sont pas si différentes que ça, de celles que se posent les philosophes au sujet de la liberté humaine, de la volonté, etc. et qui demeurent des apories.

Les réponses sont personnelles. Si Dieu sait qui est destiné au Paradis et qui ne l’est pas, nous ne le savons pas nous-mêmes. Donc nous sommes ‘’libres’’ d’agir pour essayer d’obtenir le Paradis. La preuve est que chacun de nous pense qu’il est libre de décider de faire telle chose  et non pas telle autre chose. La réponse consisterait alors dans la liberté empirique. La religion nous dit : faites ceci, évitez cela et vous serez récompensés par le Paradis. Donc dire que Dieu connait d’avance ceux qui seront au Paradis, et ceux qui n’y seront pas, signifie seulement que ceux qui y seront, sont ceux qui y auront œuvré. La parole de Dieu est une. Si Dieu ne nous le fait pas savoir par avance, en affichant d’avance une liste des gagnants et des perdants, c’est parce que ce monde-ci est un monde d’épreuves. Cela n’aurait pas de sens si à l’examen, quand on vous donne les problèmes à résoudre, on écrivait en même temps, les réponses au tableau! De même si Dieu apparaissait sous une forme quelconque, la vie n’aurait plus de sens, le mérite de croire n’aurait pas de sens, parce que, comme devant la police, personne ne se permettrait de commettre des péchés. Personne n’aurait de mérite à croire en Dieu, etc. La plupart des questions de la théologie sont de cet ordre. Il s’agit le plus souvent de questions destinées à semer le doute chez les faibles, qu’à susciter une quelconque science. Il s’agit plus de fausses énigmes, de jeux que de connaissance.

Que Dieu sache les destinées de toute la création, les univers aussi bien que les créatures vivantes, humains, anges et djinns, va de soi, parce que la science est une des perfections définitoires de Dieu. Il sait, mais cela ne nous empêche pas de chercher à mériter ce qu’Il considère lui-même comme la meilleure des destinées: le Paradis et Sa proximité.'' Pourquoi Dieu qui est omniscient et juste ne nous évite-t-Il pas de chuter et de mériter la punition ?". D’abord comment savez-vous qu’Il ne nous évite pas? Combien de fois n’avons-nous pas été sauvés d’un danger, en reconnaissant nous-mêmes que ce fut un ''acte de miséricorde de Dieu''... Imaginez ce que les hommes penseraient, si on leur disait que Dieu ne connait pas les destinées de chacun de nous!!!

C’est parce que nous sommes créés à l’image de Dieu. Dieu nous a délégué la fonction de Le représenter sur terre. Et si on se voit en tant qu’image de Dieu, nous comprendrons alors que nous pouvons savoir quelque chose et ne pas la divulguer. Parce que l’image est fidèle à Ce dont elle est l’image. Sinon, nous toucherons au dépôt divin, amânah.

La vie n’est pas faite pour le bonheur, mais pour la réalisation. La vie d’un croyant d’abord, car il en a conscience, mais aussi la vie d’un homme non pratiquant, qui n’a pas d’autre choix que de faire face aux épreuves qui pourraient lui faire du bien, en l’élevant. La vie est faite pour la recherche du bonheur dans l’au-delà ? Comme disait Solon’’ (Hérodote) : ‘’On ne peut se dire heureux avant de mourir.’’ Comme dit l’adage latin : Memento mori.

Le Dieu du Coran, n’est pas un sujet dont on parle à la troisième personne. Il est le sujet parlant. Le Coran est la Parole de Dieu, Sa Parole éternelle, ajoutent les théologiens, ou créée, pour les autres. Mais ces derniers n’ont justement pas vu que le ‘’Je’’ divin dans le Coran, se manifeste selon des degrés liés aux contextes. C’est certes une Parole de Dieu, mais c’est une Parole qui s’adresse à des êtres humains. Dieu parle donc une langue humaine, adaptée forcément aux catégories constitutives de la pensée humaine, de l’entendement humain. Dieu recourt aussi aux métaphores humaines, aux figures de style des langues terrestres. ‘’Interroge donc la ville’’ pour dire interroge les habitants de la ville…

Le ‘’anâ’’ – Moi ou Je–, est le sujet qui indique la nécessité, l’imparable, l’indéniable, l’impérieux. ‘’Nahnu’’, le ‘’’’ suffixe indiquant la première personne du pluriel est ambigu. On peut y voir le nous de majesté. On peut aussi l’interpréter comme une formule ‘’d’encouragement’’ de la part de Dieu, reconnaissant à Ses représentants sur terre ou dans les cieux (anges) une participation à Son action. Il peut donc se référer à un ‘’nous’’ d’ensemble, où Dieu garde bien entendu le premier rôle, mais où Il se réfère à une action qu’Il a voulu Lui-même collective, parce que le monde est régi, en vertu même de la décision divine, selon une hiérarchie qu’Il est le premier à respecter. Les anges agissent par obéissance certes, mais ils agissent pour Dieu, ils sont la main de Dieu, ils représentent Dieu. Selon qu’un ange ou un être humain est plus ou moins proche de la Présence divine, il sera plus ou moins en charge d’un pouvoir de représentation plus intense et plus large. Il existe cinq degrés de présence divine (al-hadharât al-khams).

Comme un maître d’école qui aide son élève à résoudre un problème arithmétique, et qui l’encourage en lui disant : ‘’Voyons ce que ce calcul va donner !’’, Dieu nous dit : ‘’li-na’lama[1]…’’ afin que Nous sachions, non pas qu’Il ignore quelque chose, subhânahu,  mais pour affirmer la responsabilité de l’homme qui demeure engagée, bien que Dieu sache tout par avance, car tout savoir est la condition sine qua non de Sa perfection.

La théologie est née juste après le fiqh, comme la dimension ‘’philosophique’’ de la religion. Savoir bien penser au sujet de Dieu, du Coran et de la création est aussi un devoir de la Loi musulmane. Les traités de jurisprudence rappellent souvent ce fait que si les applications sont importantes, les principes aussi doivent être vérifiés dans leur contenu. Curieusement, cette partie de la sharia qui devrait être mise en avant, car elle se rapporte aux principes même de la foi musulmane, a été reléguée au second plan, à cause de l’inflation du fiqh, qui a tant été sollicité, que quantitativement, il a fini par passer comme le seul domaine de la Sharia.

Pourtant, dans ce domaine, le taqlid[2] est interdit. On ne doit pas se contenter de ce que l’on entend. On doit en principe étudier suffisamment les autres  religions, et les autres systèmes d’idées, pour choisir en toute conscience et avec certitude sa religion.  

L’objet de la théologie est en principe de fournir les éléments premiers aux croyants afin de les aider à se persuader de l’excellence de la religion apportée par le Prophète (S). Elle exprime et formule les croyances justes au sujet de Dieu. On l’a jugée comme une simple apologétique destinée à démontrer la supériorité de la foi musulmane sur celles des non-musulmans, en particulier des Gens du Livre. S’il est vrai que tout savoir suscite forcément un sentiment de supériorité civilisationnelle, la théologie musulmane a eu d’abord pour souci de définir une orthodoxie pour les musulmans eux-mêmes. Les musulmans qui ne sont plus que des Arabes vont devoir entrer dans le débat, afin de ne pas être pris de court.

En effet, de même qu’il y a des versets à expliciter au sujet des prescriptions concernant les pratiques religieuses, de même, il existe des versets peut-être encore plus nombreux qui permettent de concevoir un système de pensée propre au Coran, en particulier dans les versets se rapportant à l’Essence divine (le mot essence n’y est pas employé) et à Ses attributs, à l’articulation des Noms divins, au mystère de la création, etc.

Les premiers théologiens seront mutazilites. Ce sont les tenants de l’argumentation, de la raison. Ils soutiennent la liberté humaine, le libre-arbitre. Un des leurs, pris de remords va faire défection pour créer une doctrine opposée, qui s’appellera l’ash‘arisme, du nom de ce transfuge, abû Musa al-Ash‘ari.

Les mutazilites sont combattus, et l’ash’arisme devient la doctrine officielle.

En fait le mu’tazilisme a ouvert une voie bien plus intéressante et plus fructueuse que ce qu’apporte l’asharisme. Ce dernier rassure le croyant ordinaire qui ne comprenait pas grand chose aux enjeux de la théologie. Il a l’impression que l’affirmation du libre arbitre est contraire à la suprématie divine. En remettant tout à Dieu, l’ash’arisme offre un gîte faussement rassurant, car les questions demeurent même si on feint de les ignorer, puisque de nombreux versets tiennent l’homme pour le responsable de ses actes et qu’il en devra rendre compte au Jour du Jugement.

Les mutazilites ont apporté l’effort intellectuel, alors que l’acharisme constitue une stagnation, un renoncement, une sorte de quiétisme qui… continue d’inquiéter.

Avec le temps, on découvre de plus en plus que l’influence mutazilite a fini par dominer dans la théologie musulmane. On a fini par lui donner raison sur beaucoup de points, une fois passée l’ambiance querelleuse, des premiers temps.

Le problème à l’origine de cette situation est une attitude qui collera toujours à beaucoup de penseurs de l’islam classique et moderne. C’est la tendance à soumettre toute position intellectuelle au jugement inquisitoire. On ne juge pas la pensée, mais le penseur. Et cela finit toujours par la condamnation de l’une ou l’autre des positions soutenues. Or il n’y a pas de doute que les deux positions étaient défendues par des penseurs qui sont des musulmans qui ne sont aucunement parjures.

Les errements des théologiens ont conduit à ajouter des dogmes à la foi, comme le devoir de professer ‘’l’éternité du Coran’’. Outre que cela contredit le principe qu’il n’y a pas lieu de contraindre en matière de religion, on sait que ce genre de formulation a été rendu possible par les pouvoirs politiques. Un musulman ordinaire ne comprendrait même pas ce que signifie l’expression ‘’Le Coran est créé’’ ou son opposé, ‘’Le Coran est incréé’’. Les théologiens ont outrepassé leurs prérogatives.

Depuis quelques années, force a été de reconnaître l’apport considérable du mu’tazilisme qui a surtout posé les bonnes questions et proposé des réponses dont l’intuition est fondamentale, comme l’idée des essences immuables (al-a’yân al-thâbita) qui fondent le système de pensée apporté par Ibn Arabî.

Les mutazilites n’ont pas eu en vue de fixer une limite à Dieu, mais au contraire de formuler explicitement la liberté que Dieu a donné aux hommes et qui les y engage, comme en attestent de nombreux versets coraniques, et la pratique même du Prophète (S). Il y a autant de mérite à affirmer le libre-arbitre des hommes qu’à défendre la Toute-puissance de Dieu. Comme pour un musulman ordinaire, la seconde est évidente, le mérite réel est de rappeler aux hommes qu’ils auront à répondre de leurs actes parce qu’ils en sont responsables.

Pour résumer les deux positions irréductibles, on peut les formuler ainsi, par deux équations, au regard de leurs positions respectives au sujet de Dieu.

Le grand débat qui a fait couler beaucoup d’encre, est celui de la liberté, de la responsabilité de l’homme face à la toute-puissance divine, celui de la corporéité de Dieu, des versets qui semblent suggérer l’anthropomorphisme en Dieu.

Mutazilisme = Transcendance, et Ash’arisme = Immanence.

Or cette irréductibilité demeurera toujours, car elle concerne un Être qui est connaissable simultanément par les deux voies. Jamais une des positions ne l’emportera, si on n’affirme pas aussi son contraire. C’est Dieu qui l’a voulu ainsi.

Le soufisme saura apporter les bonnes réponses aux croyants, bien mieux que ne l’ont fait les théologiens (mutakallimûn). Ces derniers ont été plutôt assimilés aux philosophes, alors que les soufis représentent la voie de la sainteté, de la proximité à Dieu. Le soufisme enseigne un Dieu personnel, alors que les philosophes discutent d’un Dieu abstrait.

C’est Ibn Arabî qui va surmonter l’aporie transcendance - immanence, et mettra un terme au débat. Tous les auteurs postérieurs qui continueront à pratiquer la théologie ‘’à l’ancienne’’ ne seront pas des lecteurs d’Ibn Arabî. Tous ceux qui l’ont lu prendront des précautions oratoires nécessaires et diront moins de méchancetés en direction de leurs adversaires, parce que les musulmans ont conscience que le problème était bel et bien lié à la nature même de Dieu qui se manifeste simultanément sous des formes contraires, paradoxales. Dieu est connu-inconnu, l’Apparent caché, le Premier et le Dernier, etc.

C’est par qu’ils ont été infectés par un ‘’virus’’ grec que les musulmans se sont écartés de la bonne voie. Les Grecs n’y sont pour rien bien sûr. Il ne fallait pas les suivre en tout. Le Dieu de l’islam n’est pas un Dieu situé quelque part, dans l’Olympe ou je ne sais dans quel éther. Il n’est pas un Dieu incarné non plus, ni encore un Dieu qui a pris congé du monde après avoir travaillé 6 jours d’affilée.

Le Dieu de l’islam est un Dieu qui crée en permanence, qui jamais ne sommeille ni ne dort, qui se trouve partout, qui est le témoin de tout. Il le crée d’un seul bloc en moins d’un clin d’œil. Il n’a pas seulement créé en 6 jours, Il le recrée à chaque instant en 6 jours. On sait que la journée n’est en réalité pas une mesure de temps absolu, mais l’impression temporelle que délivre le mouvement des planètes et des astres. L’univers est relié à son Créateur, comme une machine branchée à une source de courant électrique. Il cesserait d’exister net, si la relation créatrice s’arrêtait, c’est-à-dire si Dieu décidait de ‘’couper le courant’’.

Le Dieu de l’islam n’est pas le dieu des philosophes, comme disait Pascal, mais bien le Dieu d’Abraham.

Dans le Fusûs al-Hikam, Ibn Arabî, corrigeant un point de vue de Ghazâli, explique que certes, les philosophes peuvent démontrer logiquement l’existence d’une essence éternelle, mais...

‘’ Certes, on peut savoir qu’il y a une Essence principielle et éternelle, mais non que celle-ci est ‘’Dieu’’ tant que l’on ne connaît pas ce qui est soumis à la fonction divine, et qui est l’informateur à Son sujet[3].’’

Cela revient à dire que Si Dieu ne se manifeste pas par l’intermédiaire d’un envoyé de Sa part, Il ne sera jamais connu et reconnu comme tel.

C’est par conséquent la relation ‘’Dieu et sujet de Dieu’’ (ilâh et ma’lûh) qui établit et justifie la présence active de Dieu sur terre. Et c’est Dieu lui-même qui l’a voulu ainsi. Nous ne connaissons Dieu qu’en proportion de ce qu’Il a bien voulu nous faire connaître de Lui-même. Ce couple sera rendu plus aisément compréhensible dans les Noms divins qui supposent toujours une synonymie ou du moins une correspondance entre eux et les hommes, et les créatures. Ainsi la miséricorde divine n’aurait pas de sens s’il n’y avait en acte des êtres pour en bénéficier. C’est la présence de créatures qui donne un sens à la miséricorde. Et ainsi de suite…

De même la science divine implique l’existence d’objets de cette connaissance, qui sont innombrables puisque la science divine embrasse toute chose, sans exception.

Nous parlons le même langage que Dieu. Autrement dit, Dieu s’adresse aux hommes avec leur langue. Les mots ont la même signification, à cette différence souligne Ibn Arabî que la science de Dieu est éternelle et parfaite, alors que celle des hommes est donnée par Dieu et limitée.

Sans cette correspondance, la Loi divine aurait été impossible. Si on demandait constamment au Prophète : ‘’qu’a voulu dire Dieu par là ?’’, en feignant de penser que la langue divine signifierait peut-être autre chose.

Ce discours sur Dieu, comme on le voit serait évidemment impossible à tenir sans la révélation, sans le Coran et le Prophète. C’est pourquoi le Dieu de l’islam, celui qu’il nous est demandé d’adorer ne peut être que le Dieu d’Abraham, de Moïse, de Jésus ou de Muhammad…

La mystique a ainsi rappelé que ce n’est pas Dieu qu’il faut purifier, défendre ou glorifier par des déclarations solennelles ou apologétiques. C’est le regard de l’homme qu’il faut purifier pour le rendre apte à mieux voir, à mieux entretenir sa relation avec l’Absolu. Sans la purification du cœur, sans débarrasser cet organe subtil de tout ce qui obstrue la vision, l’homme n’accèdera pas à la connaissance vraie de Dieu.

Quand le Coran dit que Dieu a créé l’univers en 6 jours avant de s’installer sur le Trône, cela veut dire qu’Il a créé les 6 jours + 1, comme principe d’organisation de la création. Il a défini les emplacements et les rotations des sphères (galaxies, astres, planètes et astéroïdes, etc.) de façon à rendre perceptibles les 7 jours  par les humains et les êtres doués d’intelligence. ‘’ Il n’y a auprès de Dieu, ni matin ni soir…’’ rappelle une célèbre tradition. Les sept jours de la création existeront toujours, d’une existence réelle et active. Ils ont une durée beaucoup plus longue que les 7 jours qui régulent notre vie sur notre planète, et qui n’en sont que des images à notre échelle. Ces journées-images prennent des durées variables selon les endroits des planètes et des milliards de galaxies, car elles sont mesurées sur la base des mouvements des astres et des autres corps cosmiques. Les journées ne sont pas les mêmes d’une planète à une autre, par conséquent les semaines, les mois et les années sont aussi variables.

Il a été calculé qu’une vie de 70 ans sur cette terre, équivaut à 8 secondes solaires environ, en supposant possible la vie sur le soleil. Mais on peut porter l’équivalence avec une autre planète du système solaire.

En voulant défendre l’islam, les théologiens ont tout simplement oublié de faire connaitre le Dieu du Coran par rapport aux divinités et idoles des peuples antérieurs.

L’exposé notamment par Ibn Arabî, de l’enseignement des grands maitres de la mystique a contribué largement à sortir la théologie musulmane de son impasse des premiers temps. D’ailleurs après Ibn Arabî, la principale activité intellectuelle des musulmans a été et continue d’être de commenter le Fusûs al-Hikam. Et de nos jours la vision de celui que l’on a surnommé le plus grand maître, le shaykh al-akbar, domine largement le savoir théologique musulman. Ibn Arabî a été le consolateur de la société musulmane pendant tous ces siècles de décadence, de recul de cette société.

 

[1] Par exemple, sourate 34, Saba’, verset 21

[2] Le mot taqlîd signifie imitation. Cet exemple devrait suffire pour le comprendre. : Lorsqu’un médecin vous prescrit un médicament, vous le prenez en faisant confiance au savoir du médecin qui vous le prescrit sans vous donner toutes les raisons pour lesquelles il vous l’a prescrit. De même un faqih vous dit comment faire la prière ou comment jeuner le ramadan selon ce qu’il a appris, du moment que vous l’avez choisi comme référence. Le taqlid n’est permis que dans les ‘’applications’’ (furû’), mais pas dans les Principes de la religion, usûl al-Dîn. Dans ce dernier cas, un effort de compréhension personnel doit être accompli comme un devoir imposé à la religion à chacun. Comme on le voit, il y a des métiers qui existent pour dispenser les autres : il faut un médecin dans chaque quartier, comme il faut un boulanger, un boucher, un cordonnier, etc., mais on ne peut exercer le métier de ‘’diseur de la vérité au sujet de Dieu’’. Il faut aller soi-même chercher la vérité auprès de personnes réputées pour leur savoir, ou dans la lecture de ces dernières. Mais nul ne peut le faire à notre place, comme d’apprendre le métier de boulanger du moment qu’il y en a un dans le voisinage.

[3] Le livre des chatons des sagesses, Traduction française du Fusûs al-Hikam, par Charles-André Gilis, tome premier (sur deux),  page 169, éditions El-Bouraq, Beyrouth, Liban,  1997/1418

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Omar BENAISSA - dans Débats