28 avril 2016 4 28 /04 /avril /2016 14:57

Par Omar BENAISSA

Il y a longtemps déjà, – des siècles –, que ce que l’on appelé la civilisation musulmane est entrée en décadence. On a proposé des dates marquant le début de ce phénomène qui signe le moment où la formidable énergie cinétique imprimée par l’impulsion de la prédication prophétique a cessé de maintenir active la diffusion du message de l’islam. Désormais ce sera le reflux, la stagnation. Suscitée par le Prophète, la vague miraculeuse de l’avancée de l’islam s’est arrêtée, alourdie par les erreurs et les péchés des croyants…

Si nous comptons depuis la chute de Grenade (1492), cela fera plus de 5 siècles que nous sommes entrés en décadence. Et si nous prenons en compte le point de vue de Bennabi qui fait remonter la décadence à la fin du règne des Almohades, cela ferait plus de 7 siècles. Autant dire que nous avons jusqu’ici traversé plus de temps dans la décadence que dans la civilisation dont le cycle actif dure généralement 6 siècles d’après les philosophes de l’histoire. 7 siècles à nous mentir à nous-mêmes !

Ces dates diffèrent selon le critère de l’observateur. On savait que la fin de la mission du Prophète de l’islam (S) constituait déjà un indicateur de la fin de quelque chose. Puis il y eut d’autres dates, d’autres évènements qui auraient pu servir de repères des phases de la maladie qui rongeait peu à peu le corps de la Oumma.

En tout cas, l’ambiance de leur ‘’civilisation dominante’’ avait distrait les esprits des musulmans qui ne mesuraient pas la gravité de la maladie. Comme ce qui se passe de nos jours en Occident où les puissances agissent comme si de rien n’était, dans l’insouciance du danger qui les guette.

Les musulmans n’ont accepté de reconnaître que leur grandeur était finie que lorsqu’ils ont vu et entendu l’Occident frapper à leurs portes. Certes, ils avaient auparavant traversé des épreuves graves, très graves, mais ils avaient pensé que cela n’était que des accidents de parcours, dont on pouvait se relever, par quelques réformes, quelque effort collectif. Il y a notamment l’épisode des mongoles qui au 13ème siècle, ont déferlé sur l’Orient musulman, et détruit et incendié la capitale du monde d’alors, la Bagdad des mille et une merveilles.

Puis les Ottomans, des sauveteurs providentiels téméraires sont venus servir de locomotives de remplacements aux ruines abbassides, avant de finir eux-mêmes par manifester des signes de fatigue. Les Ottomans, une grande dynastie turque, se sont retrouvés incapables de contenir la puissance montante de l’Occident. Bientôt les pays occidentaux vont se saisir des rênes des musulmans, et décider de leur destinée, avec un esprit de vengeance. La colonisabilité n’est pas un vain mot.

C’est alors que tous les musulmans ont compris que ça allait vraiment mal pour eux.

Une idée a germé alors dans les têtes de quelques chefs religieux et laïcs : on lui donna le nom de Nahda, la renaissance On ne sait comment l’idée est née (influence de la Renaissance en Europe) pas plus qu’on ne sait pourquoi elle a connu un si grand succès. Pour parler autrement, on se demande comment le simple fait de nommer une velléité, un rêve de grandeur, avait pu suffire pour convaincre tout le monde, sans qu’il n’y ait personne qui osât penser la faisabilité, la possibilité pratique d’une nahda. On se contentait d’imiter formellement l’exemple européen, mais sans bousculer et réveiller les ressorts des âmes musulmanes.

C’est peut-être aussi le succès du Japon dans son effort d’imitation de l’Occident (ère Meiji) qui a convaincu les musulmans de l’inéluctabilité de la renaissance, et à se passer de l’analyse préalable ? Et cela a pris une ampleur encore plus assurée suite à la victoire de la marine japonaise sur la marine russe en 1905.

Depuis, le projet que dis-je, le rêve, d’une renaissance a été entretenu par toute une littérature sunnite, chiite et salafiste, chacune promettant monts et merveilles.

La renaissance allait de soi. ‘’Il suffirait que le Calife d’Istanbul parte en guerre avec l’étendard de l’Imam Ali pour chasser le colonialisme’’, comme disaient nos grand-mères et beaucoup d’autres grand-mères du monde musulman.

Cet espoir tenait si bon que lorsqu’Atatürk apparut sur la scène, beaucoup de musulmans virent en lui le sauveur et donnèrent son prénom de Kamal à leur progéniture mâle. On ne voulait pas voir que la renaissance n’était pas du tout à son programme. Que son mouvement n’avait pas d’autre but que de consommer la fin de la civilisation musulmane, de tourner la page définitivement pour voir ailleurs… Même sous son déguisement occidental, Atatürk appartenait aussi à la décadence, il avait révélé sa tare de musulman décadent par son simplisme, en pensant qu’il suffirait de latiniser les caractères de la langue turque, pour désislamiser les Turcs. Or cela s’est avéré faux. Pas plus qu’on ne peut islamiser les peuples par ‘’l’arabisation’’, on ne peut les désislamiser par la désarabisation. Les pays arabes qui ont gardé l’arabe ne se sont pas développé davantage que les Turcs.

Atatürk ne voulait pas du ‘’califat’’, et ne pouvait pas concevoir d’autre solution que la solution ‘’nationale’’ d’un espoir d’accrocher son vieux train de wagons rouillés, – avec lequel les califes ottomans avaient tracté le corps moribond de l’Orient – à la locomotive rutilante de l’Occident, ce que continue d’ailleurs de faire inlassablement son héritier Recep Erdogan, quoique mieux disposé envers l’islam.

Alors, y a-t-il un espoir que l’idée de nahda ait encore un sens après tant de siècles d’attente et de déceptions?

Repose-t-elle vraiment sur quelque vérité ou bien ne fut-elle, elle aussi, qu’une invention qui dès l’origine était destinée à garder les musulmans dans leur sommeil ?

Il m’aurait été facile de répondre avec certitude que la nahda n’est qu’un mythe, pas de ces mythes féconds qui ont fait la Grèce, mais de ces mythes au sens ordinaire de chimères.

Mais je me la pose aussi parce que Malek Bennabi, le plus grand penseur algérien du 20ème siècle, y avait cru dur comme fer.

Je relève cependant que c’est sans doute la seule idée sur laquelle il n’a pas élaboré une critique poussée. Cela se comprend : en tant que musulman, il ne pouvait pas ne pas être optimiste quant au destin de l’islam et des musulmans. Le seul mot de Nahda devait avoir un pouvoir enchanteur.

Il a donc même écrit un livre intitulé : Les conditions de la renaissance algérienne. Déjà, il a limité cette renaissance à l’Algérie, parce que homme prudent, les troubles qui continuent de miner la société musulmane ne pouvaient pas laisser espérer une renaissance globale. Il s’est donc limité aux horizons d’une société qu’il connaissait très bien, celle de la colonie française appelée Algérie. Il l’a d’ailleurs écrit en français. Et pour lui, la renaissance possède un sens concret, comme s’emploie à le démontrer et à l’illustrer son ouvrage.

Sa renaissance n’est pas le fruit d’un doux rêve. Il la fonde sur l’action, la volonté tenace. Il ne promettait pas aux algériens le paradis sur terre, mais seulement un moyen de se réaliser en tant qu’êtres humains.

Mais si sa pensée est une doctrine de la renaissance musulmane dans son ensemble, l’Algérie ne devait servir que de modèle, de laboratoire d’essai avant sa généralisation à l’ensemble des musulmans. Bennabi ne parlait jamais de société islamique, mais de société musulmane.

Comment se fait-il donc que Bennabi ait lui aussi cru en la Nahda, sans même vérifier la validité du concept, ni examiner la problématique dans tous ses aspects ? C’est parce qu’il pensait une situation concrète, et ne prêchait pas le miracle des enturbannés pour qui la renaissance devait consister seulement dans ‘’l’application de la sharia’’

Il a aussi popularisé le ‘’cycle de la civilisation’’ conçu par Ibn Khaldûn. Mais alors que ce dernier le construisait a posteriori, comme le schéma expliquant ce qui se passe généralement dans l’alternance des asabiya, esprits de corps, qui animent les luttes pour le pouvoir, pour indiquer les étapes qui conduisent une ‘asabiya de son moment de solidification jusqu’à son moment de liquéfaction puis à son remplacement par une autre force nouvelle, autrement motivée. Ibn Khaldûn a constaté lui-même que les cycles de ‘asabiya étaient gros consommateurs d’énergie et épuisaient les tribus, et que le moment fatal arrive où la société n’est plus capable de générer une ‘asabiya capable de maintenir la civilisation à un niveau optimum. Cela est arrivé après la fin de l’expérience almohade. Comme une balle qui rebondit en faisant des bonds de moins en moins amples jusqu’à l’inertie, l’énergie perd sa puissance au point où les musulmans ne pourront même plus repousser les incursions européennes.

Bennabi a lu le cycle khaldunien comme un message à décrypter dans le bon sens : il suffirait de retourner au point zéro du cycle, pour pouvoir déclencher un nouveau cycle de civilisation. Facile en théorie. Mais il faudrait alors retourner au Prophète (S) lui-même. Parce que l’énergie première, celle qui imprime un mouvement puissant à la société, nous fait défaut depuis des siècles. On ne peut pas reconstruire la société musulmane sur une idéologie salafiste qui ne s’appuierait que sur les actes des Compagnons dont on sait que ce sont justement leurs divergences qui ont justifié tant de positions aberrantes aujourd’hui.

Nous sommes tout au plus capables de produire des ‘’groupes’’ aptes à s’emparer d’un fantôme de ‘’pouvoir’’, créé sur la base d’un pacte ressemblant à un complot maffieux. Un pouvoir qui n’a que de souci que de réprimer les musulmans, pas de les unir et de les motiver pour une action civilisatrice, qui les sortirait de l’arriération. Ibn Khaldûn avait raison de ne pas tenir compte de l’islam dans sa théorie historique. Il constate que les musulmans se sont surtout tournés vers les moyens de réunir le plus d’hommes possibles pour s’emparer du pouvoir en l’arrachant à d’autres musulmans qui s’en étaient emparés par le même moyen quelques années auparavant. Les guerres des musulmans ont surtout causé la mort des autres musulmans…

Notons au moins ici que Bennabi a tenté de poser les fondations de la théorie du cycle, en d’autres termes que ceux des ‘’théoriciens’’ de la nahda pour qui, en somme, il suffirait de redonner le pouvoir aux ‘’ulémas’’ et autres enturbannés, et d’appliquer la sharia, celle-ci étant souvent confondue avec un mazhab particulier. Aucune critique des erreurs du passé, de peur de réveiller les vieilles rancœurs, aucune évaluation sincère des compétences requises. Rien, seulement une envie paresseuse que ça aille mieux que l’on peut trouver chez n’importe quel paresseux.

Intellectuel rigoureux et honnête, pourfendeur de charlatans et d’obscurantistes, Bennabi a jusqu’à la fin de sa vie cru en la possibilité qu’un cycle de civilisation nouveau était possible et même nécessaire. Un cycle fondé d’abord sur l’efficacité, sur l’action, car le problème, – et il avait tout à fait raison en cela –, était celui de l’homme musulman, pas celui de la doctrine de l’islam…

Mais rien n’y fait. A l’exception de quelques uns, la plupart des ‘’leaders’’ musulmans sont toujours persuadés que c’est par une ‘’réislamisation’’ qu’il faudrait commencer, et aussi par une arabisation. Cela par tentation de la facilité, trompeuse d’ailleurs, plus que par conviction…

Mais restons dans notre sujet.

Pourtant, il n’existe aucun cas connu de civilisation ayant rené de ses cendres. Les musulmans ont manqué aux ordres du Prophète (S) et c’en est fini pour eux. Ils n’ont plus qu’à attendre l’apparition du Mahdî. C’est cela, en termes ramassés, l’enseignement de la religion. ‘’Tout ira bien tant que vous vous attacherez au Coran et à ma Famille’’ (ou ma sunna selon une autre tradition tardive rejetée) Mâ in tamassaktum bihimâ lan tazillû ba‘dî abadanNous sommes dans cet état parce que nous n’avons pas suivi la mise en garde du Prophète (S). En parlant de ce sujet avec un pseudo-intellecuel algérien, je n’ai entendu comme remarque que cette seule phrase :’’ Tu es un chiite…’’. Je m’attendais au moins à ce qu’il aille vérifier dans les sources sunnites, pour constater que je n’ai ni le cœur à inventer, ni intérêt à présenter un raisonnement fondé sur des mensonges. Le vrai hadith, contenant la formule ‘‘le Livre d’Allah et ma famille’’, se trouve dans le Sahîh de Muslim. La version avec ‘’kitâb Allâh wa sunnatî’’ est un faux que même al-Albânî, pourtant réputé wahhabite, a rejeté. Pourtant on nous l’a ressassé des siècles durant dans les khotbas prononcées par les fantômes des anciens khatibs qui furent au service des tyrans, morts depuis longtemps, mais dans qui continuent de tétaniser nos esprits..

Je ne vois pas en quoi mon ‘’chiisme’’ le dérangeait. En quoi, le sunnisme confondu de nos jour avec le wahhabisme pourrait prétendre encore à la direction des affaires musulmanes, sans faire l’effort préalable, de se dépoussiérer, de faire bonne figure. Mais on préfère rêvasser.

Ce que je retiens, ce n’est pas bien sûr l’ignorance de mon pseudo contradicteur. Je le laisse à ses rêveries. C’est plutôt que cette ignorance continue de se généraliser, et révèle comment a fonctionné l’idéologie des pouvoirs qui ont fait de nous des ‘’sunnites’’ que nous continuons à vouloir rester, tout bêtement, juste par habitude, par hérédité, par décadence même.

Toutes les civilisations successives qui ont animé les époques historiques ont été bâties sur des bases nouvelles, avec des hommes et des idées, voire des religions nouvelles. Elles ne sont jamais la réédition d’une civilisation antérieure.

Mais tous ceux qui sont familiers avec la pensée de Bennabi, se rappellent que le dernier séminaire qu’il avait animé avait pour titre général : Le rôle du musulman dans le dernier tiers du 20ème siècle. Et quand on examine bien l’enseignement qu’il y dispensa, on s’aperçoit que Bennabi devenait sceptique quant à la nahda. D’abord parce qu’une autre idée qu’il développait, bien avant les politiciens actuels, était ce qu’il avait appelé le mondialisme. Or s’il avait su prédire avec justesse l’effondrement prochain du communisme, il avait aussi enseigné que les musulmans n’avaient pas d’autre choix que de s’insérer dans un projet mondial. Ils ont manqué trop d’occasions de se ‘’réveiller’’. Et il était désormais impossible et inutile de réveiller la société musulmane uniquement dans son aire historique quoiqu’elle doive quand même sortir de ses aberrations afin de se rendre apte à tenir un rôle. Dans le nouveau projet que Bennabi proposait aux musulmans, il assignait à ces derniers le rôle de garants de la paix mondiale, à l’image de celui qui fut longtemps celui de la défunte URSS, rôle que Poutine a su refaire vivre en redonnant sa puissance à la Russie que les USA se proposaient de reléguer au statut de république bananière. Sur le sujet du mondialisme, Bennabi a été un pionnier. Et ce fut surement cette perspective d’un monde devenu un, qui lui a suggéré la relativisation d’une ‘’renaissance musulmane’’ éventuelle. Celle-ci ne saurait intervenir sans tenir compte de ce nouvel environnement qui dicte des contraintes insurmontables par la force, mais seulement par le dialogue et la non-violence.

S’il avait fixé aux musulmans le dernier tiers du 20ème siècle, comme dernier délai pour agir dans un sens salutaire, c’était une façon pour lui d’annoncer qu’il ne croyait plus au cycle de civilisation. Ce qui fut à son honneur car en privé il ajoutait que s’il ne se réveillait pas durant le dernier tiers du 20ème siècle, le monde musulman fera faillite (yeflès). Aussi clair que cela.

De toute façon, Bennabi ne voyait pas la nahda comme un mouvement politique, mais plutôt comme une renaissance culturelle dans le sens fort qu’il donne à ce mot (voir Le Problème de la Culture) qui implique une transformation foncière des mentalités et des comportements, et pas seulement l’avènement d’un nouveau ‘’calife’’ de Bagdad. ‘’ Les musulmans n’ont pas besoin d’un état pour dominer ce monde…’’ écrivait-il.

La chance des musulmans est de ne pas appartenir à une puissance militaire. La tentation du pouvoir a été ce qui a causé le plus de dommage à l’histoire des musulmans. Des hommes ont profité de l’immense vague d’adhésion suscitée par l’apparition de l’islam, pour en faire une idée d’empire, au lieu de l’enrichir de la renforcer pour en faire le vecteur d’une civilisation universelle. Dès que l’intérêt des hommes se mêle à la religion comme moyen du pouvoir, Dieu cesse d’alimenter leur moteur et le voue à l’épuisement. Parce que Dieu s’engage à défendre Sa religion mais pas les musulmans…

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’islam continue de progresser, porté par la foi des âmes simples.

Il reste encore une énigme : peut-on considérer que la révolution islamique en Iran a été la réponse attendue par lui ? Certes il en aurait béni l’avènement. Mais c’est dans les prochaines années que l’on saura si l’Iran a été l’initiateur de quelque chose qui sera salutaire pour tous les musulmans. Car de même que, dans son esprit l’Algérie pouvait servir de modèle aux autres pays musulmans, l’Iran aussi peut finalement avoir gagné l’honneur de cette place enviable. E tout cas, ses disciples dont je fus, étions certains que le rôle de pionnier dans cette entreprise devait revenir à l’Algérie qui avait l’expérience nécessaire à la conception d’un islam capable d’éviter l’écueil intégriste – que Bennabi fut le premier à dénoncer –, et qui garde le souvenir vivant des millions de martyrs de l’époque coloniale.

Une autre question : s’il n’y a plus de ‘’nahda’’ à l’horizon, devrait-on aussi engager une recherche méthodologique pour s’assurer que la notion de ‘’civilisation musulmane’’ n’a pas caché elle-aussi un mythe que l’on aurait peur de révéler ? Sur ce point, je suis d’avis qu’une simple lecture assidue et sans œillères, nous apprendrait que notre histoire n’a été qu’une série de guerres fratricides, où les ‘’chefs’’ de guerre n’ambitionnaient pas de ‘’défendre l’islam’’, mais seulement de s’emparer du pouvoir à tout prix. Nous n’avons pas fait mieux que les chrétiens.

Après tout, d’autres civilisations sont apparues après elle, qui ont égalé et surpassé les performances musulmanes. La corruption politique occidentale n’a rien à envier à la corruption qui a régné dans notre histoire et continue de faire des petits.

Au moment où partout, l’heure est à la répression de la pensée, il n’en demeure pas moins que la nécessité d’une critique de toutes nos ‘’convictions’’ politiques les plus affichées, même celles qui se dissimulent sous le voile de la sacralité, s’impose plus que jamais. C’est le travail des intellectuels et des ulémas. Il ne s’agit pas de condamner, de douter de tout, mais de s’assurer au moins que nos convictions résistent à la critique.

Je suis persuadé pour ma part que moins les musulmans traineront de fantasmes sur leur passé, plus ils seront aptes à l’action fructueuse.

Les musulmans ont encore peur de porter un regard critique sur eux-mêmes, sur leur passé et leur présent. Ils ne pourront pas en faire l’économie. Ils y seront bien obligés tôt ou tard. Car c’est la condition de leur insertion dans le monde de demain.

Quoiqu’il en soit, tout cela ne menace en rien l’islam, parce que l’islam est au-dessus des musulmans. Il ne reviendra en force que lorsque les hommes seront dignes de le recevoir, de le servir. Il ne contredit en rien non plus le devoir de respecter les obligations religieuses pour tous ceux qui y croient et qui sont nombreux, grâce à Dieu.

Il ne s’agit de rien d’autre que d’une épreuve pour les hommes…

Nous nous sommes tellement attachés à ce passé idéalisé à outrance, que nous avons oublié de faire notre devoir, comme écrasés par lui. En réalité, l’apparition de l’islam comme ‘’civilisation’’ a été comme une répétition de ce qui se passera lors de son retour miraculeux et glorieux avec d’autres hommes plus décidés et plus sérieux. La stratégie divine supérieure à celle des hommes, se révèle de plus en plus, et nous laisse entrevoir que la ‘’renaissance’’ se fera par d’autres hommes que nous, d’autres énergies que la nôtre. Dieu nous a promis qu’Il peut se passer de nous pour atteindre Ses buts par des voies insoupçonnées.

Wa sa-ya’ûdu ghariban

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Omar Benaissa