26 décembre 2019 4 26 /12 /décembre /2019 23:01

1-

Strabon a noté que la division politique du territoire berbère se faisait d’ouest en est, en maures, en masaessyles, et en massyles. Les territoires correspondant à ces appellations demeureront longtemps comme la référence pour la distinction des états. Même le géographe arabe Idrissi la garde, en  la traduisant par la célèbre trilogie : Maghreb extrême, Maghreb central et Maghreb proche ou Ifriqia. Nul doute que ces sont les berbères eux-mêmes qui ont du traduire aux Arabes les sens des termes utilisés pour désigner les différentes parties composant leur vaste territoire.

Ibn Khaldûn aussi fait commencer le Maghreb, par la partie algérienne[1], le territoire massyle, excluant la Tunisie qu’il appelle l’Ifriqia, même si ce terme a fini par désigner tout le continent africain. Afrik est le nom d’une des divinités berbères, selon René Basset. Tasaft n’sidi Yefrik est le nom d’un chêne centenaire qui a été abattu pour ouvrir une route dans ma ville natale d’Ait-Daoud, en Kabylie.

En ce qui concerne les masaesyles et les massyles, je n’ai pas trouvé , dans les sources existantes, d’explication à ces deux dénominations. J’ai cherché dans les quelques sources disponibles sur internet, qui sont de plus en plus savantes et pertinentes. Certains auteurs pensent qu’il devait s’agir des deux principales tribus ou confédérations de tribus berbères qui se seraient réparti le territoire. Or cela ne peut pas nous satisfaire, étant donné que l’auteur qui en parle le premier est Strabon, et qu’il les signale comme deux entités politiques administratives, comme une division du territoire, plutôt que comme deux ethnies. A ma connaissance, aucun géographe ou historien arabe ne mentionne de tribus berbères de ces deux noms, Massyle et Massaesyle.

Pline l’ancien ? laisse penser que, de son temps, l’état masaesyle avait cessé d’exister. Mais certains noms berbères, noms de personnes ou toponymes subsistent. Par exemple Messali. Prononcé avec un s emphatique, sâd en arabe, ce nom peut se prononcer Mezali, or nous avons aussi le patronyme Tamzali.

Je propose le résultat de ma recherche à l’examen de ceux qui sont des spécialistes. Et là, je le reconnais, j’ai été aidé surtout par mon intuition. ‘‘Massyles’’ m’a fait penser à M’sila. Sur la page wikipedia, on me dit que M’sila viendrait de l’arabe al-masîla, qui signifierait cours d’eau, écoulement d’eau, torrent[2]. J’ai rejeté cette hypothèse suggérée par la facilité de la construction sur le modèle arabe maf’al. Mais on peut comprendre que les occupants étrangers tentent de donner un sens à un nom en consonance avec leur langue comme l’a fait la France quand elle changea les noms de certaines de nos villes.

 

[1] Dans une note de sa traduction de L’Histoire des Berbères, de Slane précise : « Ibn Khaldûn place le commencement du Maghreb sous le méridien de Bougie, et désigne les provinces de Tunis et de Tripoli par le nom d’Ifrikiya ». Après avoir lu cette phrase, je me suis reporté à Google earth, et j’ai constaté que le méridien de Bougie est bien aussi celui de Msila. Simple observation : Massyle écrit avec un y peut aussi se lire Massoul. Or la ville de Mossoul en Irak, se trouve à 36 degrés de latitude nord !!! Il est possible que le nom soit introduit par les Mèdes. Et ce d’autant plus que les Mèdes pourraient être les ancêtres des Kurdes.

[2] En outre, le mot massîlah n’existe pas en arabe, et n’est pas attesté dans le Lisân al-Arab, d’Ibn Manzour.

Partager cet article
Repost0
Omar BENAISSA - dans Conscience berbère